La CHAPELLE SAINT-AUBIN-DE-LA-MALADRERIE

La chapelle renovée

LA CHAPELLE SAINT AUBIN XIIème siècle

De nos jours, la chapelle saint Aubin se dresse en bas de la rue du 14 juillet, à droite, en direction de Courtaoult. Malgré sa modeste apparence, elle surplombe crânement la route, flanquée de quatre chênes centenaires.

Son existence attestée en 1190, fait d'elle un des éléments les plus anciens du Patrimoine ervitain. C'est pourquoi, malgré qu'elle ne soit ni classée, ni inscrite à l'Inventaire des Monuments Historiques, la chapelle vient de faire l'objet d'une restauration de grande ampleur à l'initiative de l'Association de Sauvegarde du Patrimoine d'Ervy-le- Châtel.


LA CHAPELLE DE LA MALADRERIE (période de 1190 à 1780)

A l'origine, la chapelle se trouvait quelques centaines de mètres plus loin, en direction de Courtaoult, «un peu avant la ferme des Noues », nettement à l'écart de la route; elle était la chapelle de la Maladrerie.

En effet au Moyen-âge, la Lèpre, ce mal ramené d'Orient par les Croisés, connaissait une forte expansion. Ervy, comme toutes les villes-closes possédait une Léproserie que dans nos campagnes, on appelait Maladrerie ou Maladière.

Son existence, ainsi que celle de la chapelle est citée vers 1190, en particulier dans un legs fait par Mille ou Millon III, seigneur d'Ervy; elle a sans doute été dédiée dès sa fondation à Saint-Aubin, évêque d'Angers.

La Maladrerie était un domaine clos, nettement à l'écart du village et se composait en règle générale de petites maisons destinées aux lépreux, d'une chapelle, d'un cimetière et de quelques lopins de terre pour y cultiver herbes médicinales et nourriture.

A cette époque, au moindre signe de maladie cutanée, même bénigne, le « lépreux » était impitoyablement rejeté de la communauté chrétienne; il était mis « hors du siècle » au cours d'une cérémonie qui ressemblait à un procès. Le malade était d'ailleurs déclaré « coupable » car on le considérait comme l'objet d'un châtiment divin, un damné de Dieu.

Deux lépreux

Le condamné devait quitter famille et amis et loger dans la maladrerie. Il devait porter le vêtement spécial des lépreux afin être rapidement reconnu. Il pouvait sortir, mais devait signaler son passage avec une crécelle, avertissant du danger qu'il représentait pour ses congénères.

Certains religieux ou serviteurs sains étaient chargés de subvenir à leurs besoins moyennant finances et leur prodiguaient des soins succincts; la maladie étant considérée comme incurable.

La Maladrerie servira lors des diverses épidémies, de Peste en particulier, puis tombera dans l'oubli au XVIème siècle.

Dès 1604, les terres provenant de dons faits par des âmes charitables, sont louées à bail aux paysans voisins.

Le 15 avril 1695, un arrêt rendu par le conseil privé du roi, vient consacrer la disparition de la Maladrerie en attribuant ses revenus fonciers à l'hôtel-Dieu d'Ervy.

Seule, la chapelle résista encore pendant un siècle, plus ou moins entretenue de temps à autre. Malgré tout, survivait une procession, tous les 1er mars, jour de la Saint Aubin et une messe y était célébrée.

Carte postale chapelle

LA CHAPELLE DU CIMETIERE SAINT AUBIN (période de 1780 à 1872)

L'histoire des cimetières d'Ervy le Chatel est assez mouvementée. L'église paroissiale d'Ervy telle que nous la connaissons aujourd'hui n'existait pas.

Le cour d'Ervy le châtel était occupé par le château fort des barons d'Ervy et l'église de l'époque était ce que l'on appelle une Collégiale, sorte d'église privée, réservée à un collège de clercs ou de prêtres.

La plupart du temps, une Collégiale était créée et financièrement fondée par un seigneur ou une famille seigneuriale, en réparation de graves fautes commises;

ceux-ci s'assuraient que des clercs prient quotidiennement pour le salut de leurs âmes.

La Collégiale devenait également leur lieu de sépulture et le mausolée familial.

Il n'existait donc pas de cimetière autour de l'église médiévale.

Comme vous avez pu le lire précédemment, les lépreux avaient leur propre cimetière; le commun des mortels, lui, était inhumé autour de la chapelle du monastère de Monthierault, détruit lors de la guerre de cent ans.

En 1708, on décida d'établir un cimetière pour tous, derrière le chevet de l'église devenue église paroissiale; c'est-à-dire à l'intérieur des remparts de la ville, dans un espace fort exigu. Dès 1770, le manque d'espace et d'évidentes questions d'hygiène publique poussent le Conseil de ville à rechercher un nouvel emplacement, hors les murs.

Le choix se porte sur un terrain appartenant à la maladrerie, « place de la croix de mission », au bord de la « grande rue », pavée depuis peu.

Si l'endroit est facile d'accès, il reste d'une surface très limitée : 1950 m2. Apres son achat par la « fabrique de l'église », le terrain est aménagé, ceint d'une haie vive.

Côté rue, une porte à fronton cintré orné d'une tête de mort porte l'inscription :  « comme toy au monde ay esté ». Comme à l'époque, on ne peut concevoir un cimetière sans édifice religieux, on décide d'y transférer la chapelle saint aubin, laquelle est démontée pièce par pièce et remontée à l'endroit où elle se trouve aujourd'hui.

La chapelle de la Maladrerie devient la chapelle du cimetière Saint Aubin.

La chapelle et le cimetière sont bénis le 23 juillet 1780 par le curé Jean Grosjean et son vicaire. courant juin 1781, on rassemble les ossements de la maladrerie pour les inhumer dans ce nouveau cimetière; la même opération sera reproduite en 1833 pour les ossements du cimetière de l'église à l'abandon.

Une messe est célébrée dans la chapelle le jour de la saint Aubin, ainsi qu'une messe des morts chaque 2 novembre, jusqu'à ce qu'elles soient interdites à la Révolution.

La chapelle est désertée, comme lieu de culte, mais le « cimetière Saint Aubin » reste utilisé.

LA CHAPELLE FUNERAIRE DES CONTASSOT (période de 1872 à 1988)

La chapelle étant à l'abandon, le 24 avril 1872, le conseil municipal et la fabrique de l'église, propriétaire des lieux, s'accordent pour céder le sol de la chapelle, à titre de concession funéraire perpétuelle à la famille Contassot en signe de reconnaissance .En effet, Edme Adrien Contassot (1809-1869), maire d'Ervy pendant 26 ans et jusqu'à son décès , était unanimement reconnu en tant que bienfaiteur de l'église.

IL était l'époux d'Hortense Rambourgt(1817-1874), soeur d'Amant de Rambourgt et était propriétaire du château .

Voici donc notre chapelle des lépreux transformée en chapelle funéraire privée ! Quelques années plus tard, la municipalité de l'époque décide d'ouvrir un nouveau cimetière (le cimetière actuel), totalement en dehors de la cité et présentant la possibilité d'être agrandi si le besoin s'en fait sentir.

Depuis lors, le petit cimetière Saint Aubin est désaffecté. En 1988, les propriétaires du « château », firent don de la chapelle à la ville d'Ervy.

Les ossements des membres de la famille Contassot furent transférés dans le nouveau cimetière. Les pierres tombales furent reposées et forment toujours le sol de la chapelle. La Municipalité réalisa une consolidation sommaire de la chapelle qui eut le mérite de préserver provisoirement l'édifice de la ruine.

Le petit cimetière qui l'entourait fut aménagé en jardin public.

RENAISSANCE (période de 1988 à nos jours)

Depuis lors, la chapelle fermée au public, montrait côté ouest, des faiblesses dues aux intempéries et au manque d'entretien pendant les périodes d'abandon, qui menaçaient sa pérennité.

En novembre 2009, un diagnostic fut réalisé par l'Institut universitaire des métiers du Patrimoine qui révéla la fragilisation de la base de la charpente due à la charge exercée par le poids du campanile posé sur la toiture.

Le soulèvement des dalles funéraires, formant le dallage de la chapelle indiquait la nature instable du sol. Il devenait urgent d'entreprendre une restauration complète de l'édifice.

N'étant ni classée, ni inscrite à l'Inventaire des Monuments Historiques, le financement ne pouvait être pris en charge par l'état.

C'est l'Association de Sauvegarde du Patrimoine d'Ervy le Chatel (ASPEC) crée à cette occasion et sa présidente Françoise Gauthier qui prirent en charge le dossier de la restauration. Une souscription publique en partenariat avec la Fondation du Patrimoine et la commune d'Ervy, propriétaire de l'édifice fut organisée.

Habitants anonymes et entreprises locales ont pu soutenir ce projet.

Les travaux de restauration menés dans les règles de l'art par des artisans spécialistes du Patrimoine, sous la surveillance d'un architecte des bâtiments de France ont consistés en:  -la reprise des soubassements sous poteaux et sur les sablières, la restauration des pans de bois, -le remplissage entre les pans de bois, la reprise de la charpente et de son campanile, la réfection de la couverture, -le recalage des pierres tombales, les badigeons sur enduits et pans de bois et la fabrication et -la pose d'une porte d'entrée à l'identique.

Des vitraux contemporains ont été réalisés et posés par la Manufacture Vincent-Petit.

L'association et la Commune ont inauguré la chapelle restaurée lors des journées du Patrimoine le 14 septembre 2013, en présence de la population. La cérémonie fut clôturée par une bénédiction célébrée par le Père Lucien Albrecht.

La chapelle renfermait un très beau retable gothique en pierre qui représente cinq épisodes de la vie de Saint Nicolas.

La provenance de ce retable est inconnue.

A l'occasion des travaux, ce retable a été déposé provisoirement en vue de son classement.

Sources : Robert Cassemiche - Françoise Gauthier

Le retable de la CHAPELLE SAINT-AUBIN-DE-LA-MALADRERIE

Voir le diaporama sur la restauration de la chapelle