Histoire
Et avec synthese vocale:Le 08 aout 1831, le roi Louis Philippe autorise, par ordonnance spéciale la réalisation d’une halle à Ervy le châtel.
Un projet de forme rectangulaire analogue à la Halle de Piney fut rejeté car jugé trop grand et surtout, trop classique. L’architecte de Bar sur seine, Nicas, proposa une nouvelle étude qui cette fois sortait de l’ordinaire. Le 17 septembre 1833, le projet est adopté par le conseil municipal.
Le 28 juillet 1834, le devis de construction est fixé à 19066.43 francs or, sans les honoraires de l’architecte.
Les travaux débutent courant 1836 et l’on voit apparaitre notre halle circulaire telle que nous la connaissons actuellement, à quelques détails près. Le bâtiment est qualifié de « prodigieux » de par sa forme circulaire mais aussi de par son architecture.
L’édifice repose sur de solides soubassements de grès local, car l’emplacement choisi est celui des remblais qui ont servi à combler le grand fossé protégeant la ville fortifiée. Il est composé de trois étages à pan de bois, de hauteurs différentes ; couverts de trois toits de bois. Ceux-ci sont recouverts de feuilles de zinc afin d’alléger la charge. Le premier étage est composé de torchis et pans de bois; les deux étages supérieurs, de briques pleines et pans de bois. Une galerie ouverte supportée par 20 colonnes de bois sur socle de pierre, servait d’abri aux éventaires des marchands.
Des loges étaient percées tout autour pour conserver les marchandises. Le cabinet du métreur ou inspecteur des poids et mesures, fonctionnaire chargé de peser les sacs de blé se trouvait au rez de chaussée, à gauche du logement des pompes à incendie. Le premier étage abritait les services administratifs municipaux, trop à l’étroit à l’étage de la porte st nicolas, hôtel de ville de l’époque.
L’intérieur de la rotonde destiné à stocker du grain, est certainement une œuvre de compagnonnage ; un plafond suspendu en châtaignier de six mètre de diamètre, fermé par une clé sur pendentif central. « Un chef d’œuvre » admirable.
Après la construction de la halle, les critiques accablèrent le pauvre architecte Nicas. ; Certes l’édifice était original mais fort peu pratique. L’auteur de « l’Ervisiade » s’inspira de tous ces faits pour rédiger la fantaisie suivante publiée en 1901 dans « mon almanach ».
"A messieurs les membres du congrès archéologique devant siéger à Troyes le 9 juin 1853"
"Dans l'enceinte d'Ervy s'élève un monument Qui,par sa majesté, frappe d'étonnement. L'étranger stupéfait, qui n'a pas vu d'exemple A tracer ses contours et ses proportions. Vous dire ce que c'est, n'est pas chose possible.Edifice sans nom, palais indescriptible, Est-ce un bazar?Un temple? Un dédale? Un tombeau? Un cirque? un mausolée? Une tour? Un chateau? Un dome? Une pagode? Un kiosque? Une crypte ? Une mosquée? Un sphinx? Un fort? Une guérite? Un manège? Un grenier? Un entrepot de vin? Un pandémonium, chinois ou sarrassin? Un des travaux d'Hercule? Ou prison , ou caverne? Ou de Gargantua n'est-ce point la lanterne? Je l'ignore, Messieurs, mais ce que je sais bien, C'est qu'il peut etre tout, comme aussi etre rien. Déchiffrons, s'il peut ce bloc énigmatique, En palpant, avec soin, son ciment et sa brique. Dis nous donc, monument du génie et des arts, Qui décore d'Ervy les verdoyants remparts, Dis nous donc aujourd'hui quelle est ta destinée, Et d'ou vient ton nom l'immense renommée. D'après quel ordre a-t-on élaboré ton plan? Est-tu grec,ogival, composite ou toscan? Du conseil de la Ville un immortel ukase Posa mes fondements par la main de Nicase. Ma colonnade ronde ouvre mille chemins A la pluie, à la neige,, aux vents et aux gamins Tout les matins j'étale aux rayons de l'aurore Les gracieux contours de mon mur tricolore Dans mon intérieur, un salon principal Contient l'urne à voter du corps municipal. Sur mon sommet zingué, de forme circulaire, Une pointe s'étend vers l'étoile polaire, Pour protéger d'Ervy l'importante cité, En maitrisant l'humeur de l'électricité Pour faire le tourment de l'archéologie, Sur mon unique mur a su tendre deux toits, Qui couronnent mon front, comme un chapeau de chinois; Il m'a lancé dans l'air sans faite, ni pignon, Sur ma tige dressé comme un gros champignon. Dois-je ajouter encor que je serais sans gloire Si la ville n'avait de temps en temps la foire Vous croyez deviner, Messieurs, mais pour point du tout, Voici le dernier trait qui va vous mettre à bout: C'est que d'après l'échec de la voix générale, Dans mon intérieur, un salon principal Contient l'urne à voter du corps municipal."La halle est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques le 30 mai 1947.
Aujourd’hui, la halle abrite un bureau d’information touristique de l’office de tourisme Othe-Armance. A l’étage, une salle rénovée récemment offre un cadre prestigieux à de nombreuses expositions artistiques.
Pour la petite histoire : C’est dans la halle, hôtel de ville de l’époque que le 03 novembre 1894, Jean –baptiste Jupille prend pour épouse Marie Guerbet, native de Colimon, ancien hameau de Montfey.
Pour savoir qui est Jean-Baptiste Jupille, se reporter à la rubrique : personnalités liées à la commune
Récital dans la halle circulaire la pianiste Natacha LLorca