* A la recherche du château fort *


Avec synthèse vocale:

l'Histoire:


Certains historiens locaux font remonter l’existence de cette forteresse au IIIème siècle la motte castrale d’origine serait devenue progressivement château-fort avec les progrès de l’architecture militaire. On choisissait pour s’implanter un endroit naturellement peu

Au sud, du côté de l’église, l’escarpement et l’Armance protégeait l’accès ; n’oublions pas que la prairie (entre davrey, Chessy les près et Ervy) restait submergée plusieurs mois dans l’année, et qu’aucun pont solide ne fut construit avant 1702.De l’autre côté, au-delà des fossés, le château est précédé d’un glacis, un terrain en pente, totalement dénudé pour pouvoir aisément surveiller les accès.

Au XIIIème siècle, Ervy était une véritable forteresse, ceinte de remparts circulaires, défendus par des fossés profonds de cinq mètres. Le château-fort, très vaste, couvrait un espace d’une superficie de deux hectares, appelé le pâté.

Le pont levis « des vendangeurs »

Dans la « ruelles des pressoirs » (entre le fournil du boulanger et l’ancienne boucherie Nié) était installé le Pressoir banal.

A cette époque, les coteaux de la cité étaient couverts de vigne. Le seigneur mettait à disposition un pressoir et son pressureur  il recevait une redevance de deux setiers par muid de vin ; un muid d’Ervy le Chatel fait 268 litres et un setier : 0.466 litre. Les habitants avaient l’obligation d’y apporter leurs raisins sous peine d’amendes. Afin d’éviter le blocage des entrées de la cité, lors des vendanges, la ruelle des pressoirs communiquait directement avec la campagne grâce à un pont-levis.

                                     

      En montant la poterne                                               Le clocher vu de la poterne                  l'ancien sentier abrupt de la poterne

La poterne

Le château-fort est sillonné de souterrains voûtés où se réfugiaient les habitants en cas d’attaque : la plupart ont été murés. Ils aboutissaient à une poterne située à l’aplomb de l’église. La poterne est tout simplement une porte dérobée, aménagée dans l’épaisseur des remparts et donnant dans le fossé .De la, les assiégés pouvaient s’enfuir et gagner la campagne ou l’Armance. La poterne pouvait faciliter les évasions, les départs discrets ou les rencontres secrètes…le chemin escarpé qui descend tout droit vers l’Armance est toujours appelé « la Poterne » ; il est aujourd’hui aménagé pour une promenade plus confortable.

 
Le pâté

A proximité de l’actuelle maison du vitrail se tenait le donjon, habitation du seigneur ; en principe la tour la plus élevée et la plus forte du château, dernier réduit en cas d’attaque. Le donjon, probablement circulaire, est le symbole du pouvoir seigneurial.

Après sa destruction, il est remplacé par la Tour féodale de la Porte Notre-Dame. L’auditoire seigneurial était établi, ruelle de l’hôpital, vers l’actuelle maison de retraite. A l’emplacement de l’église actuelle, existait déjà une modeste églisedestinée au seigneur accolée au rempart.

Dans l’enceinte du château-fort existent plusieurs puits ; l’eau de ces puits, d’une importance vitale en cas de siège, était captée directement dans le sous-sol ; mais il existe aussi une citerne, le guerillon », alimentée par les eaux de ruissellement. Cette eau était puisée et servait d’abreuvoir pour les chevaux et le bétail.

L’extension du château :

En ces temps troublés, la puissance de la forteresse attire une population de plus en plus importante au pied de ses remparts. Des faubourgs commencent à s’étendre à partir des deux portes d’entrée. L’espace commence à manquer à l’intérieur de l’enceinte. On décide de construire une deuxième ligne de fortification vers l’ouest, englobant largement le faubourg qui s’étendait au pied de la porte Notre-Dame. Les nouveaux remparts, bordés de « petits fossés » suivaient le tracé suivant : le berle, la rue Sauvageot du croisy, le haut de la rue Victor Hugo, la rue des petits fossés, la chapelle St Aubin, se poursuit seconde partie de la rue des petits fossés, rue des champs, rue pierre Roch Vigneron et rejoignait l’enceinte principale vers la poste.

Tracé coloré des remparts et de l'extension du château

Voir aussi les reperes historiques sur la carte de la ville avec le tracé des douves remplies d'eau)

Trois nouvelles portes : La porte de Rheims, la porte du Parc et la porte de la rue des champs

permettaient de gagner la campagne. Un fort : le Fort Boudin, situé dans l’actuelle rue du Docteur Roux, veillait sur cette enceinte.

Dans ce nouvel espace, se trouvait la Basse-cour, autrement appelé Bayle, devenu "Berle" par déformation.

                                                                               

Les fortifications du Berle vues de la rue des petits fossés


Cet enclos renfermait les magasins, les écuries et autres dépendances du château.

Ce quartier était « le ventre » de la cité ; ici se tenaient une halle en bois, sorte de marché couvert et les abattoirs. Une grande maison abritait le four banal, où on était obligé de faire cuire son pain sous peine d’amende, moyennant une redevance appelée "banalité".

Les anciens noms de rue de ce quartier gardent le souvenir de ces activités : la rue du Fort Boudin, la rue de triperie, la rue du grand four, la rue de l’ancienne Halle, ruelle aux renards (attirés par les effluves odorants).

     

le puit de la halle                                                                              La ruelle  aux renards

Pendant ce temps, à l’intérieur du pâté, de nombreuses maisons se construisent jusqu’à remplir totalement l’enceinte. Un réseau de ruelles étroites dont la plupart existent toujours, irrigue la cité. De nombreux artisans et commerçants s’installent préfigurant la future vocation d’Ervy le Chatel ; le commerce et l’artisanat. Il s’y tient deux marchés par semaine et trois grandes foires par an. 

Les faubourgs s’étalent jusqu’au Prieuré de Monthierault, où se trouve le cimetière. A son apogée, on estime la population d’Ervy le châtel à environ 5000 habitants.

La destruction du château

Au fil des siècles, l’histoire ne ménagea pas le château- fort d’Ervy, il fut plusieurs fois détruit et reconstruit.

Révolte des barons 1129

En 1229, la baronnie d’Ervy appartient depuis 1114 aux Comtes de Champagne et de Brie ; Thibaut IV le chansonnier se déclare en faveur de la reine de France, Blanche de Castille contre les barons révoltés. Ceux-ci envahirent le comté de champagne ; Dans notre région, ils prirent Saint Florentin, Chaource et Bar sur seine saccageant et brulant de nombreux châteaux, notamment celui d’Ervy. L’intervention du roi (Saint Louis fils de Blanche de Castille et de Louis VIII le gros) préserva le reste du Comté des dévastations.

Guerre de cent ans : le passage de Jeanne d’Arc

En 1429, peu avant la fin de la guerre de cent ans (1328- 1453), la région qui n’avait pas encore été sérieusement inquiétée, voit ses campagnes pillées par des gens de guerre partisans de Charles VII, le petit roi de Bourges.

C’est alors que Jeanne d’Arc accomplissant sa mission divine, entreprit en juillet 1429 de faire sacrer Charles VII à Reims. Après une chevauchée en territoire ennemi, contrôlé en partie par les anglais et les bourguignons, Jeanne et le convoi royal venant d’Auxerre se présentèrent devant les remparts d’Ervy.

La mauvaise réputation de l’armée du roi, composée pour moitié de mercenaires étrangers, menée par des nobles pas toujours recommandables et suivie de troupes d’écorcheurs, fit que la cité refusa de reconnaitre Charles VII en tant que roi de France. La population était retranchée dans ses murs. On refusa de descendre le pont–levis…

Ervy était une forteresse militaire redoutée ; Jeanne la Pucelle préféra passer son chemin que risquer un siège hasardeux et peu utile. Elle prit la route de Saint Phal qui l’accueillit avec ses troupes.

Deux ans après le passage de Jeanne d’Arc, Ervy reconnait le pouvoir de Charles VII.

                                                                                

Siège de 1433 : suite guerre de cent ans

En 1431, le conflit atteint la contrée de plus près; le Duc de Bourgogne, Philippe le Bon demande une trêve de deux ans qui devait être mise à profit pour élaborer un traité de paix à Troyes. Faute d’entente et la trêve expirée, les hostilités reprennent.

Le Duc de Bourgogne, à la tête de six mille hommes et d’une redoutable artillerie entreprend le siège de la forteresse d’Ervy. Les progrès de l’armement, en particulier de l’artillerie sont tels que si en 1429, Ervy n’avait pas craint de refuser l’entrée de Jeanne d’Arc et de son armée ; en aout 1433, il n’en va pas de même.

Le siège ne dura que 4 à 5 jours ; les habitants effrayés par la force de l’armée assiégeante préférèrent traiter avant même que « bombardes et canons fussent tirés ».Le Duc accorda un mois à la ville pour se rendre. Il exigea six otages à titre de garantie et se fit fournir des vivres. Pendant ce temps l’armée bourguignonne assiégea le château de Coursan qui fut abattu par l’artillerie. En 1434, le roi reprend une partie de la région, dont Ervy.

Le château d’Ervy profita d’un court répit ; s’en suit une période calamiteuse. En 1437 et 1438, la Peste sévit dans toute la Champagne ; une effroyable disette vint s’ajouter à l’épidémie accrue encore par les ravages des bandits de grands chemins, les écorcheurs.

Le traité d’Arras en 1435 met fin à la guerre entre le roi de France et le Duc de Bourgogne ; mais les anglais alliés du Duc refusent tout accord. De fait, les troubles durent encore jusqu’en 1453.

De par les termes du traité, Ervy est attribué au roi de France. Finalement, dans un des derniers soubresauts de la Guerre de cent ans, en 1443, le seigneur de Saint Phal, allié du Duc de Bourgogne s’en vint détruire et raser entièrement le château sur son ordre express. Le donjon, l’auditoire seigneurial, l’église : toutes ces constructions disparurent et ne furent pas reconstruites. Heureusement, les remparts et les portes subsistèrent.

Les guerres de religion

A partir de 1561, la religion protestante fait de rapides progrès en Champagne, notamment dans le Pays d’Othe.

Ervy comptait de fervents adeptes. Dans toute contrée, la situation s’envenima et bientôt catholiques et protestants en virent aux armes. Des troupes armées sont levées de part et d’autre. Ervy soutenait la Ligue, le Maréchal d’Aumont vint y mettre le siège en août 1591.

Dans un premier temps, les assiégés firent une belle sortie et tuèrent plus de trente ennemis. Mais les assiégeants firent tirer le canon, si bien que les habitants d’Ervy acceptèrent de composer et de payer une rançon de sept mille écus. Le château fut épargné mais tout le quartier de l’Armance (jusqu’à Monthierault) fut entièrement brûlé sans qu’on sache qui avait mis le feu.

Comme toujours Ervy se reconstruit, mais le château-fort et ses remparts ne jouent plus ce rôle de protection qui attirait les populations vulnérables. Ervy entame un long déclin démographique. Les remparts qui encerclaient la cité sont démolis vers 1712, les fossés ont été comblés et transformés en jardins et en promenade ,comme le Berle. Une nouvelle vocation s’offre à la cité…

Les armes de la ville se blasonnent ainsi d’azur
 à l’église d’argent chargée de trois croisettes pattées de sable.

 GUEDELON  (yonne)   un defi inoui  de reconstruction  médievale....