A Ervy le Chatel, il tient une place toute particulière.
L’existence dans L’église Saint Pierre es Liens de deux statues de Saint Roch dont l’une possède sa proche chapelle latérale, démontre bien cet attachement.
le Saint Roch de l’église d’Ervy qui a été présenté lors de l’exposition « le beau XVIème » avant et après restauration
Mais surtout, il existait autrefois chaque année, à Ervy, une procession où l’on invoquait le saint homme pour se protéger de la Peste, mais aussi de tout autre maladie y compris du bétail.
En 1638, une terrible épidémie de Peste qui s’était répandue à partir de Marseille, s’abattit sur la ville. Au souvenir de la grande Peste noire (1347-1352) qui avait décimé toute l’Europe, la population effrayée par le nombre croissant des victimes se recommanda à Saint Roch. Edme Garnier, curé d’ERVY qui se dépensait sans compter pour assister les malades, fini par être atteint par la maladie .Sa fin était proche. Il fit le vœu, au nom de tous les habitants, d’aller en procession célébrer une messe en l’église de Butteaux (11 kms), dont Saint Roch est le patron, le lundi qui suit la fête de ce saint .La protection du saint fonctionna, Edme Garnier fut la dernière victime de l’épidémie.
Les ervitains exécutèrent assez fidèlement ce pèlerinage chaque année ; Ce vœu fut renouvelé en 1738, cent ans après, suite à une nouvelle épidémie de Peste.
Au début de l’année 1746, une maladie indéterminée s’attaqua aux vaches par une douleur à la tête, suivie d’une mort rapide en 24 heures. Les troupeaux de nombre de villages alentours furent décimés. Toutes les vaches d’Ervy furent assemblées dans la grande rue auprès de la croix de mission (devant la chapelle st aubin). « Monsieur le curé fut les bénir en procession solennelle, après quoi il dit une messe de Saint Roch ». Aucune vache ne mourut à Ervy .Les villages alentour firent des messes et des processions à St Roch jusqu’en 1748. La maladie cessa en 1749.
En 1778, les idées des philosophes commençaient à se répandre ; « partout des railleurs de bas étage tournaient en dérision les habitudes pieuses des populations ».On décida qu’il serait plus sage de restreindre la procession qui se ferait désormais jusqu’ à la croix de chêne que l’on avait dressée à l’entrée du Bois du Parc (route de Courtaoult).La messe était célébrée au retour, à l’église. Cette croix a été abattue au moment de la révolution, mais remplacée par une semblable en 1791 ; le pèlerinage perdura jusqu’ à la Terreur(1794).
On considérait que le vœu de faire le pèlerinage de Saint Roch était établi pour cent ans. En 1839, on décida de renouveler ce vœu ; une épidémie de choléra Morbus avait atteint Ervy en 1832 et fait des ravages. A cette occasion, la vieille croix de bois à l’entrée du bois du parc fut remplacée par une belle croix en fer ayant pour base un piédestal en pierre de taille.
Grande croix de bois , en arrière plan le socle de pierre abandonné à l’entrée du bois du Parc route de Courtaoult.
Le pèlerinage tomba peu à peu en désuétude ; la croix de Saint Roch fut abattue définitivement en 1902 (période d’anticléricalisme qui aboutit à la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat).
Aujourd’hui, le socle en pierre de la croix de Saint Roch est toujours de guingois, attendant qu’un jour notre association l’A.S.P.E.C entreprenne sa restauration…
Avec l’aide de « Monseigneur P.F Ecalle : notes sur Ervy le Chatel »
Histoire de Saint Roch
Saint Roch est né à Montpellier vers 1340 ; seul fils d’un consul de la ville .Orphelin très jeune, il fut confié à son oncle. Montpellier possède depuis 1220, une faculté de médecine réputée ; on pense que Saint Roch y étudia la médecine car il utilisait une lancette pour soigner les pestiférés.
A sa majorité, il distribua tous ses biens aux pauvres et entreprit le pèlerinage de Rome (d’où les clés de Saint Pierre sur son chapeau).Le long du Camino Francescano, il traversa plusieurs villes atteintes par la Peste et s’employa à soigner les malades. Arrivé à Rome, la ville sainte subissait le même fléau ; Saint Roch s’y arrêta trois ans, dispensant ses soins.
Tableau du Tintoret : San Rocco soignant les pestiférés
Sur le chemin du retour, l’épidémie croisa de nouveau sa route et il finit par attraper la maladie. Roch se réfugia dans une forêt près de Plaisance afin de s’isoler de la population ou peut-être chassé par celle-ci. C’est alors que se passe la scène représentée mainte fois dans l’iconographie chrétienne.
Pour apaiser sa fièvre et laver sa blessure (un abcès à la cuisse), l’Ange du seigneur fait jaillir une source. Pour apaiser sa faim et reprendre des forces, le chien du seigneur voisin volait chaque jour un pain à son maitre pour l’apporter à Saint Roch. Ce dernier intrigué par le manège de l’animal, le suivit en forêt et put venir en aide au malade.
Roch finit par guérir, mais était totalement méconnaissable. En traversant Milan, déchiré par une guerre civile, il fut pris pour un espion et jeté au cachot .Par humilité , il y demeura incognito et périt de misère vers 1379, enfin reconnu par ses concitoyens, hélas trop tard. Il fut enterré avec dévotion à Voghera. Après quelques péripéties, le corps de Saint Roch fut transporté à Venise où il repose dorénavant.
Saint Roch est pratiquement toujours représenté avec son chien, nommé Saint Roquet, d’où le mot roquet pour désigner un petit chien. Depuis, on évoque Saint Roch dans le monde entier contre les épidémies de Peste, choléra, typhus, grippe espagnole, sida, etc… et contre les maladies des animaux (la cocotte sorte de fièvre aphteuse) et de la vigne (le phylloxera).
Gravure de : Saint Roch avec son fidèle Roquet.