lithographie gravée par Vaudé
La rue à Ervy
tableau d'horace vernet représentant le siège de la citadelle d'Anvers
signature
Général de brigade, né à Eaux-Puiseaux, alors commune d’Auxon, le 24 février 1789; mort à Ervy le Châtel, le 5 janvier 1853.
Il s’était retiré à Ervy, où il avait épousé Mlle Rabiat de Fontenay, dont le père fut maire, puis juge de paix dans cette ville.
Nous nous intéressons ici aux personnages ayant vécus à Ervy le châtel donc plus particulièrement à Alexandre Mocquery, mais il faut souligner ce fait extraordinaire:
La famille Mocquery, pauvre, mais respectable installée dans un modeste hameau d’Auxon donna naissance à un capitaine et à deux généraux :- mis à la retraite (à Ervy) suite à plusieurs blessures.
Trois destins parallèles, soumis avec plus ou moins de succès , aux aléas des guerres et de la Politique, entre République, Empire, Restauration, retour à la République, second Empire …
Alexandre Mocquery nait en 1789, en pleine période révolutionnaire. Dès 1791, deux de ses frères ainés s’engagent dans l’armée au moment où la France est attaquée surs ses frontières. L’un d’entre eux, Georges Alexis Mocquery monte très rapidement les échelons. Ce frère ainé n’oublie pas sa modeste famille et en 1805, il fait entrer Alexandre (15 ans) à l’Ecole militaire de Fontainebleau. Alexandre Mocquery en sortit en 1807, sous-lieutenant dans le 1er régiment d’infanterie légère; il est promu lieutenant le 13 novembre 1808.
A partir de 1808, Alexandre Mocquery participe à la guerre d’Espagne; lors de la campagne de 1811, au Portugal, il se distingue par un brillant fait d’armes : A la tête d’un détachement de 45 hommes (infanterie), il effectue une retraite d’une lieue (4 kilomètres), poursuivi et harcelé par un corps de cavalerie ennemi de plus de 400 chevaux. « Cette action lui vaut les applaudissements de l’armée entière »; son nom est cité le 2 juin, à l’ordre du jour de l’armée. Il est décoré sur le champ de bataille par le duc de Raguse, général en chef, et nommé capitaine le 22 juin.
Il a alors 22 ans. L’épouvantable guerre d’Espagne se poursuit jusqu’à l’évacuation de l’Espagne et du Portugal par les armées napoléoniennes. Le 16 décembre 1813, Alexandre est promu au grade de Chef de bataillon.
L’empereur Napoléon abdique en 1814 ; Louis XVIII installe la Restauration .La carrière militaire d’Alexandre est interrompue. Pendant les Cent-jours (1815), lors du débarquement de l’empereur à Golfe-Juan, le commandant Mocquery reçoit l’ordre de prendre le commandement de l’arrondissement de Morlaix. Grace à ses qualités, il réussit à maintenir l’ordre et le calme, malgré l’agitation des partis opposés et des chouans qui n’osent rien tenter. La monarchie est restaurée une seconde fois ; Alexandre Mocquery est mis en disponibilité.
Il revient dans sa famille à Eaux-Puiseaux, puis se marie avec Mlle Rabiat de Fontenay, dont le père fut maire, d’Ervy le châtel, puis juge de paix ; « une des familles les plus honorables d’Ervy ». Il y coule des jours heureux pendant 8 ans.
Cependant, l’expérience des officiers de l’Empire manque à l’armée du gouvernement de la Restauration qui veut entreprendre l’expédition d’Espagne . Alexandre Mocquery est rappelé au service en 1823, à l’âge de 34 ans. Il devint lieutenant-colonel en 1830 et colonel du 58ème de ligne, en 1832. C’est à la tête de ce corps dont il fait un régiment modèle, qu’il prend part au siège de la citadelle d’Anvers (1832) ; c’est là qu’il est remarqué par son supérieur, le duc d’Orléans, fils ainé du Roi Louis –Philippe. À cette occasion, il reçoit le titre d’officier de l’ordre de Léopold de Belgique. Il est ensuite envoyé en Afrique, plus exactement sur les territoires de la future Algérie française. Il est chargé de garder « fondouk », située à 30 kms au sud-est d’Alger. Fondouk est, au départ, une sorte de comptoir commercial autour duquel on éleva, en 1839, un mur d’enceinte crénelé, flanqué de 4 tours bastionnées, pour se protéger des attaques des troupes d’Abd el Kader. Le poste est renommé pour son insalubrité et ses dangers.
Le colonel Mocquery et son régiment sont bientôt minés par la fièvre et il voit périr un à un, sous ses yeux, 1200 de ses hommes. A bout de ressources, il demande à être rappelé et « menace de mettre le feu aux magasins de poudre et de se faire sauter, lui et les 300 malades qui ont survécus, plutôt que de subir l’ignominie d’être pris par les arabes ». Il est enfin relevé de son poste, Fondouk est abandonné provisoirement. Le Colonel servira encore en Afrique pendant 4 ans.
De retour en France, il est promu au grade de Général de brigade en 1841 et envoyé dans l’Ain, puis dans les Basses-Alpes. La mort accidentelle, en 1842, de son « protecteur »le duc d’Orléans met un frein à son ascension. En 1848, alors que Louis Napoléon Bonaparte n’est encore que Président de la seconde République, on lui confie le commandement de Toulon. A ce poste important, on lui demande de préparer et d’organiser pour le printemps 1849, l’embarquement de l’armée d’Italie à partir des ports de Toulon et de Marseille, pour ce qui est appelé depuis : l’expédition de Rome. La mission est ingrate et exténuante .Le général déploie des miracles d’activités et de volonté pendant 30 jours et 30 nuits. Le jour, il ne quitte pas le port et les arsenaux ; la nuit est consacrée à la correspondance et à l’administration.
Lorsqu’il reçoit l’ordre de prendre la direction militaire de Marseille, son état de santé est tellement dégradé qu’il revient à Toulon. Gravement malade, il est obligé d’accepter la retraite ; c’est là que se termine sa carrière militaire.
Le Général Mocquery revient habiter à Ervy, aimé et respecté de tous. Il meurt subitement le 5 janvier 1853. Ses obsèques furent suivies par une foule immense venue de toutes les communes voisines. « Sa famille, ses proches, ses compatriotes ont perdu en lui le meilleur des amis, l’armée, le type du vrai courage, la France, le modèle des honnêtes et des bons citoyens ».
Une rue d’Ervy le châtel lui rend hommage. La sépulture de la famille Mocquery est toujours visible dans le cimetière d’Ervy le châtel.
Sources : Notice nécrologique sur le Général Mocquery par Amédée Gayot, publiée dans l’annuaire de l’Aube de 1854. Bio- bibliographie cantonale d’Ernest Choullier Discours prononcé par M Dondeau aux obsèques du Général Mocquery. Fichier « Léonore » du Ministère de la culture concernant la Légion d’honneur. Sa biographie, par Amédée Gayot , a été publiée, sous ce titre, dans l’ annuaire de l’Aube de 1854 : Notice nécrologique sur le Général Mocquery, avec portrait lithographié, gravé par Vaudé. voir les liens en vert