Jean Baptiste Jupille enfant
Jean Baptiste Jupille posant devant sa statue
Mosaïque dans la chapelle funéraire de Pasteur
sculpture de Emile Truffot
Le nom de Jean Baptiste Jupille est aujourd’hui tombé dans l’oubli; son aventure et le retentissement qui s’en suivit lui valurent pourtant une gloire nationale. Mais quel lien, Jean-Baptiste Jupille, partage-t-il avec Ervy le Chatel ?
C’est dans la Halle d’Ervy, mairie de l’époque, que le 03 novembre 1894, Jean-Baptiste Jupille épouse Marie Guerbet, native de Colimon, hameau de Montfey. Marie Guerbet avait appris à lire, écrire et compter dans une des premières écoles laïques de filles.
A 13 ans, elle sera placée comme « bonne de cuisine » dans un hôtel-restaurant puis montera à Paris et se fera engager dans une famille bourgeoise du 15 ème arrondissement. C’est à ce moment qu’elle fait la connaissance de Jean-Baptiste.
Après une vie de labeurs, tous deux prennent leur retraite à Joinville le Pont. Jean-Baptiste y meurt le 29 septembre 1923 et y est enterré. Marie sera enterrée avec leur fille unique, Louise Jupille, dans la tombe familiale de la famille Guerbet à Ervy le Chatel.
Voir la bio-généalogie de Jean-Baptiste Jupille.
Le 14 octobre 1885, dans le Jura, Jean-Baptiste Jupille, âgé de 16 ans, garde un troupeau de moutons avec cinq jeunes enfants. Un chien errant, visiblement enragé, la gueule ruisselante de bave se précipite sur eux.
Pour protéger la fuite de ses camarades, Jean Baptiste n’hésite pas à affronter la bête, armé seulement de son fouet.
Malgré plusieurs morsures profondes à la main gauche, il parvient à terrasser le chien et à lui museler la gueule avec la lanière de son fouet.
Il lui brise la tête à coups de sabots; puis va le noyer dans le ruisseau tout proche.
Devant tant de bravoure, le maire de Villers-Farlay écrit aussitôt à Louis Pasteur qu’il connait pour l’avoir rencontré à Arbois.
Il sait que Pasteur vient de pratiquer la première vaccination antirabique sur le jeune alsacien Joseph Meister.
IL faut savoir que les recherches de Pasteur sur la vaccination humaine étaient largement contestées dans les milieux médicaux et que la controverse était violente. Pasteur accepte de vacciner Jean-Baptiste et offre de le loger.
Une collecte des habitants permet de lui payer le train pour Paris. Le 20 octobre, Jean Baptiste reçoit son premier traitement. Après une dizaine de jours de traitement, il est déclaré indiscutablement guéri de la Rage. Début novembre, il peut regagner le Jura.
Impressionné par le courage de Jean Baptiste, Pasteur intervient devant l’Académie Française dont il est membre, et réclame pour lui le Prix Montyon de vertu destiné à récompenser, à l’échelon national, un français pauvre qui se sera fait remarquer par une action héroïque. Jean Baptiste reçoit 1000 francs-or de l’institut de France.
Jean Baptiste Jupille n’est officiellement que le deuxième être humain vacciné contre la Rage, mais l’image du petit Joseph Meister est peu représentée dans la « légende » de Pasteur.
Les mauvaises langues diront que Jean-Baptiste était français, alors qu’à cette époque l’Alsace appartenait désormais à l’Allemagne. Plus justement, on dirait aujourd’hui que Pasteur a su profiter d’une providentielle campagne de communication.
L’histoire de l’héroïque berger, cumulée avec le succès de la vaccination contre la Rage avaient de quoi frapper les esprits et eurent un grand retentissement dans les journaux nationaux et mondiaux ; de quoi faire taire les détracteurs.
En 1886, Pasteur annonce sa décision de construire un dispensaire contre la Rage et, surtout, un centre d’études pour les maladies contagieuses. Une souscription internationale est lancée et rapporte 2.586.680 francs de l’époque. L’Institut Pasteur est inauguré à Paris en 1888.
L’enseignement de la microbiologie y est assuré par le docteur Emile Roux, disciple de Pasteur et son préparateur, Alexandre Yersin.
Les succès s’enchainent: ouverture d’un laboratoire antirabique à Saint Pétersbourg, installation d’un institut Pasteur à Sidney, puis à Saigon en 1891, et Tunis en 1893.
En 1894, Yersin découvre le bacille de la Peste en chine et Le docteur Roux met au point le sérum anti-diphtérie.
Louis Pasteur meurt en 1903, en ayant reçu 130 prix ou distinctions honorifiques françaises et étrangères. Le gouvernement propose de l’enterrer au Panthéon, mais sa famille refuse. Il sera enterré dans une crypte sous l’Institut Pasteur; dont une des mosaïques de la chapelle funéraire représente Jean Baptiste Jupille terrassant le chien enragé. Louis Pasteur s’est toujours montré reconnaissant.
Il entretiendra une correspondance avec les deux premiers vaccinés contre la rage et les emploiera tous deux à l’Institut. Jean Baptiste Jupille y travaillera comme garçon de course et de laboratoire à partir de 1888, puis comme concierge et enfin en tant que gardien-chef. De plus, tous ses frères ont été placés à l’Institut Pasteur, ainsi que sa fille Louise.
Il sera la personnalité la plus photographiée du quartier, flanqué d’un bel uniforme, au pied de la statue le représentant et réalisée en son honneur par le sculpteur Emile Truffot.
Cette sculpture apparait aussi sur le billet de cinq francs, à l’effigie de Pasteur, émis en 1966 par la Banque de France.
En mémoire de cette belle aventure médicale", il existe à Ervy le chatel, une rue "louis pasteur" et une rue du "docteur roux"..
Le billet de 5F Pasteur